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Grande campagne contre l'excision au Kenya, 2008-2011

Grâce aux dons de :

- la SSI (Service de la Solidarité Internationale) du Canton de Genève, Suisse

- de la Ville de Genève, des communes de Carouge, Chêne-Bourg, Thônex, Cologny

- des donateurs privés sensibles à la cause de l'intégrité féminine (stop à l'excision)

MAA a pu lancer une grande campagne d'envergure au Kenya, pour eradiquer ce fléau parmi les populations les plus marqués : les Massai, les Kissii, les Samburu, les Boranas et les Somalis (immigrés).

Cérémonie alternative pour plus de 50 fillettes au village Inkati, Mile Tisa, Kajiado, Kenya.

Comment MAA et ses collaborateurs ont aidé à sauver plus de 700 jeunes filles de l'excision, en décembre 2009, au Kenya.


Nous savions que décembre est le mois par excellence du rituel de l'excision sur les jeunes filles au Kenya. Parce que ce sont les " grandes vacances " scolaires et la fin de l'année scolaire, parce que les pluies tombent à nouveau, il y a de la verdure et de l'abondance de nourriture. Les vaches redonnent du lait et cette abondance se traduit par une envie de faire la fête et d'avancer dans la vie. Pas toujours du bon pied !
Nombre des pères s'interrogent sur l'avenir de leurs filles : " - est-ce qu'elle ira l'année prochaine à la classe supérieure à l'école ? Ou bien est-il préférable, à peine entrée dans l'adolescence, de la préparer pour son mariage ? "
Cette préparation consiste à l'exciser afin d'être " prête " au mariage dans les 2-3 mois suivants. Et évidemment plus question d'éducation ou d'école pour la jeune fille. Souvent ces filles-là n'ont que 10 ou 14 ans tout au plus. Durant le mois de décembre, leur vie va basculer dans une violence inouïe qui se veut " traditionnelle ", mais en fait ce n'est qu'une mutilation, suivie d'un viol orchestré par la famille, et cautionné par la communauté ignorante et superstitieuse.
Pas très conforme tout cela avec les " Droits de l'Enfant " tellement répétés et ratifiés par les gouvernements, ni avec le droit à une éducation libre et obligatoire pour tous les enfants. Et encore moins conforme avec la dignité de la femme et le respect du droit fondamental de chaque individu.

Fillettes Massai décorées pour le rite alternatif qui leur permettra d'échapper à l'excision : village Olgira, Rombo, Kenya

MAA, forte d'une donation du Service de la Solidarité Internationale de l'Etat de Genève, des dons privés et des dons des communes genevoises, s'est lancé dans le projet " pour une éradication progressive des MGF (Mutilations Génitales Féminines) au Kenya, 2008-2011 ".

Durant l'année 2009 nous avons organisé plus de 40 séminaires et ateliers dans des villages, écoles, églises et mosquées du pays. En novembre-décembre 2009, cette campagne a été couronnée d'une série de " cérémonies alternatives " en lieu et place des excisions massives traditionnelles. Le rite s'appelle au Kenya ARP (alternative rite of passage ) et a lieu dans les villages en invitant toute la population, les parents, les autorités scolaires, la police, les autorités sanitaires etc. Les 50-70 jeunes filles répertoriées comme " futures excisées " sont invitées à chanter et danser devant l'assemblée du village. Le jour précédent un atelier a été organisé pour elles, afin de ne pas laisser l'ombre d'un doute sur le bien fondé de dire " NON à l'excision ". Le jour de la célébration, les parents et le village entier ont droit aux discours prononcés par les collaborateurs de MAA, le chef de la police, le directeur de l'école, le corps médical, le pasteur etc. sur le sujet des MGF. Chacun expliquera pourquoi cette tradition néfaste doit cesser, pourquoi on doit laisser les filles poursuivre leur éducation sans mariage forcé précoce, pourquoi la société doit évoluer inexorablement et pourquoi les mœurs doivent s'adoucir vers un plus grand respect de l'homme. Ce sont des messages qui passent relativement bien. La petite résistance qui peut être rencontrée est vite balayée car nous disposons des dizaines d'arguments, et nos collaborateurs sont motivés au plus haut point. Des témoignages individuels de mères et d'enfants viennent renforcer notre cérémonie alternative.

Village Inkati- Célébration alternative à l'excision- décembre 2009

Nous avons fait passer par ce " rite alternatif " plus de 700 jeunes filles au Kenya cette année. En voici les chiffres :

District Kajiado, Loitokitok

o Village de Matepes, 50 jeunes filles de 8 à 16 ans, non- excisées. Plus de 200 parents présents.
o Village de Elerai, 45 jeunes filles de 6-16 ans non- excisées. Plus de 300 parents présents
o Village de Olgira, 50 jeunes filles de 7-19 ans, plus de 250 parents présents
o Village de Olmapinu, 55 jeunes filles de 7-18 ans, plus de 300 parents présents.

o Séminaire de 3 jours à l'intention de 25 exciseuses répertoriées dans la région. Elles ont reçu une formation d'accoucheuse (en cas d'accouchement normal et sans complications), un kit de premier secours et un kit de matériel pour un accouchement à domicile facile et naturel.

Village Oletukat- Narok North, fillettes portant le T-shirt qu'ont reçu en cadeau pour la cérémonie :

"FREE FROM FGM" et au dos "GIVE ME A CHANCE"

District Kajiado, Mille Tisa

o Village de Noontoto, 50 filles de 6 à 16 ans non excisées. Autorités locales et parents présents.
o Village de Engamboli (Mille Tisa), 50 filles de 6 à 16 ans non excisées. Autorités locales et parents présents.
o Village Inkati, 50 filles de 6 à 16 ans non excisées. Autorités locales et parents présents.

Le directeur de l'école distribue un certificat à chaque fille qui a "gradué" vers l'âge adulter sans passer par l'excision.

Village Engamboli, Mile Tisa.

District de Narok Nord

o Village de Oletukat, 56 filles de 6 à 18 ans et plus de 150 parents. Enfants provenant aussi des villages Osero,Olkutoto, Lemek, Olopayia, Sipitali.
o Village de Ilntumtum, 64 fillettes avec participation d'enfants des villages alentours, Emurua Dikir et Maisiodo, Olbilai, Enkoireroi,Ongata Naado, Enaramatishoreki, Nkama et Kaila.
o Ville de Narok, séminaire pour les Imams de la ville, les maîtres coraniques (madrasa) et les Oulémas. 25 participants adultes. Visite par Annie Corsini rendue à l'Imam principal de la ville qui était souffrant et absent du séminaire organisé.

Danses rituelles lors de la cérémoni alternative. Oletukat.

District de Narok South

o Village de Ololulunga, "Vision Academy " primary school, 65 jeunes filles avec la participation d'enfants du village Nkareta.
o Village Melelo, 90 fillettes venant de la region environnante et leurs parents.
o Séminaire à 40 mères de la région de Ololulunga qui n'avaient encore jamais entendu parler des méfaits de l'excision.

Rassemblement des parents avant la cérémonie. Village Ilntumtum, Narok North.

Danses des filles non-excisées pour celébrer leur passage à l'âge adulte devant toute la communauté du village.

District de Kisii, Goucha

o Village Nyankeyio, 65 jeunes filles de 6 à 16 ans, non excisées et le village entier.
o Village Kenoria, 60 jeunes filles de 6 à 16 ans, non excisées et leurs parents.

A Kisii, les représentants du Ministère de la Santé ont tenu à être présents lors de nos cérémonies alternatives: le " Public Health Officer " de l'Hopital provincial de Kisii et le " Reproductive health Officer " du même Hôpital.
A Loitokitok les autorités de l'Hopital se sont dits intéressés mais ils n'ont pas fait le déplacement jusqu'aux villages éloignés où nous travaillons.
A Narok, nous avons rencontré de l'hostilité de la part de l'autorité médicale dûe à un malentendu (nous nous occupons de convertir les exciseuses, mais la position du représentant du Ministère est de les ignorer carrément). Il n'a pas voulu nous aider.

Cérémonie à Kissii, Niankeyo village.

Nos slogans imprimés sur les T-shirts offerts en cadeau aux jeunes filles :
au devant : " Free from FGM " et au dos : " Give me a chance "

Après les cérémonies les commentaires des parents ont été très favorables. " C'était la plus belle fête qu'on ait jamais eu dans notre village ! " nous ont-ils dit. Tous ont été impressionnés par le caractère festif, l'organisation et l'ampleur des cérémonies. Tous ont promis de ne pas exciser leurs filles, de ne pas les empêcher de continuer l'école et de les protéger des mariages précoces forcés.

Niankeyo, plus de 60 filles vont célébrer la non-excision !

Activités en cours :

Durant le mois de décembre 2009-janvier 2010, nous avons planifié des séminaires de conversion des exciseuses dans d'autres régions :

- 20 exciseuses à Narok North,
- 20 exciseuses à Kisii, Nyankeyio
- 20 exciseuses à Mile Tisa, Namanga

En leur donnant des conseils pour un accouchement au village sans risque (hygiène élémentaire et outils stériles et gratuits) nous les valorisons et les faisons sortir de l'illégalité. Si " exciser une fille " mène à la prison, " aider à accoucher une maman " au village, à condition que ce soit une naissance sans danger, n'est absolument pas interdit, et se pratique encore à très large échelle. A la fin du séminaire des 3 jours (dont un jour entier passé à les convaincre d'arrêter les excisions) nous signons un contrat nominatif avec chacune d'entre elles, en 2 exemplaires. Elles signent d'une empreinte digitale qu'elles renoncent à la pratique néfaste en échange du matériel médical qu'elles reçoivent et de leur formation. Le " delivery kit " comprend du coton, du désinfectant, des gants, masques et un tablier médical, un tissu isolant et lavable sur lequel la jeune mère accouche, pinces stériles, rasoir stérile pour couper le cordon ombilical et corde pour le même usage. S'il y a le moindre soupçon d'une éventuelle complication pour la future mère et l'enfant, les TBAs (sages-femmes sans formation) ont la consigne de transférer la patiente à l'Hôpital le plus proche du village. MAA assume les frais de transport dans ce cas d'urgence et les encourage à recourir à l'Hôpital au plus vite.

Exciseuses traditionnelles, lors de leur conversion. Rombo- Dispensary training. Décembre 2009

En apogeant son empreinte digitale sur un contrat passé avec MAA, en présence de l'officier de la police locale, cette exciseuse, comme 20 autres, s'est engagé de ne plus pratiquer la mutilation. En échange, elle a reçu une formation d'accoucheuse et a reçu du matériel médical. Dispensaire de Rombo, Décembre 2009

Nos points faibles :

- Notre campagne n'a pas pu démarrer de façon satisfaisante dans le District d'Isiolo, ni dans le District Samburu cette année. Nous devons porter une attention particulière à cette région très touchée par les MGF, à population majoritairement musulmane. Si nos bailleurs de fonds nous permettent de continuer la campagne en 2010-2011, il faudra que plusieurs collaborateurs de MAA se déplacent pour 2 semaines au minimum avec un planning précis et élaboré afin de mettre sur pied plusieurs actions simultanées dans la région.

- Le District de Transmara est très touché par les MGF et il est malheureusement hors du périmètre de notre action. En décembre 2009, 60 jeunes filles ont été excisées clandestinement et de façon massive (en une nuit). L'année prochaine nous allons mener une campagne d'information tout au long de l'année, et en décembre 2010 nous serons sur place, prêts, avec une vigilance particulière. Toute cérémonie d'excision doit être arrêtée à temps à l'aide de la police et des autorités locales, et remplacée par une cérémonie alternative (MAA organisera la première). Les Massais de Transmara ont la réputation d'être féroces et isolés, mais MAA s'est implanté déjà dans d'autres régions problématiques. Si l'appui de nos donateurs en 2010 nous le permet, nous empêcherons l'année prochaine le massacre traditionnel des MGF en décembre dans cette region. Car il est prévisible et remplaçable. Le pire ennemi de l'homme reste l'ignorance !

     

 
 
 

 

 


 

Notre campagne doit continuer en 2010-2011

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